Forge de Libra

Encore une fois le cybermage vole les forces de Jyrek, mais la demande de Merediana était-elle légitime. Aussi le laissa-t-il faire espérant qu'il puisse ouvrir une brèche dans le dôme.

"C'est... ouvert... pour le moment... mais... ça ne..."

Le cybermage s'écroula, épuisé, en manque de magie et de vie. Le dôme commençant déjà à se régénérer, Jyrek repris sa forme de dragon. Il prend délicatement Kaeldrin dans sa patte et Mala dans l'autre "un peu moins" délicatement ceci-dit.

- Désolé noble Kaeldrin mais on est pressé.

Filant aussi vite que lui permettent ses ailes, Jyrek fonce vers la brèche qui ne cesse de se rétrécir. Il prit soin toutefois de protéger le frêle Eldar de la pression du vent. Mais sa dernière manœuvre a quand même dû le secouer. Reprenant forme humaine en plein vol il empoigna fermement ses deux passagers contre lui passant de justesse.... trop juste même. Le bras de Jyrek heurte le dôme l'obligeant à lâcher le cybermage qui s'écrasa au sol. Jyrek dans un dernier effort se recroquevilla pour encaisser le choc avec le moins de dommages possibles pour l'Eldar qui pour le coup ne manquera pas râler "encore" auprès du demi-dragron pour son insouciance mais peu importe. Il espère juste que d'autres les auront suivi. Il lâche Kaeldrin qui reprend ses esprits et alors qu'il s'avance vers le joueur de flûte une violente douleur vrille Jyrek sur place. A première vue ses acrobaties ont dû lui luxer le bras. Ceci plus toute cette magie prise par Mala, il est loin d'être au mieux de sa forme. Puisant dans ses réserves, le demi-dragon avance inexorablement vers ce fou se jurant qu'il lui ferait manger sa flûte. Alors qu'il dégaine sa claymore, l'idée justement d'euthanasier ce jouvenceau lui traverse l'esprit mais parant d'abord au plus urgent il se consacre donc au félin qui ne s'est que trop approché de cet homme. Son arme brillante de chaleur s'abat sur le yokkai en vol alors qu'il venait de sauter sur le joueur de flûte qui ne semblait même pas voir le danger. Le corps tranché en deux et fumant dégage une odeur de chair brûlée putride, encore agité de spasmes sans aucune goutte de sang, la chair et les os cautérisés par la lame de Jyrek. Puis il fit face à Ademaro qui à sa stupéfaction semble attristé de voir le Yokkai tranché en deux.

- Ok, je sens qu'on va pas être aidé avec lui.

L'homme très étrange qui était apparu plus tôt fit de drôles de choses. Ce que le jeune chat avait compris jusque là était que lui et Jyrek ne s'aimaient pas vraiment, et quoi qu'il fit à ce dernier il se laissa faire, ce qui conduisit à ouvrir une brèche dans le dôme. Le Dragon s'y engouffra, prenant dans ses pattes l'escogriffe et le gars bizarre inconscient.
Le félin hésita un instant, Mistraella s'était évanouie... non, Merediana s'occupait déjà d'elle, et puis avec le Dragon, le cinglé et l'autre bizarre, il avait un peu peur pour les Yokkais. Et ce n'était pas peu dire.

Kyeral s'engouffra dans la brèche sans plus attendre, se retrouvant un peu en retrait des Yokkais et de l'énergumène qui jouait de la flûte pour les "monsieurs peluches", qui comptaient bien faire de cet imbécile leur repas. Jyrek avait repris forme humaine, les autres à ses côtés. Tous trois avaient fait un atterrissage un peu en catastrophe, ce qui ne manqua pas d'attirer l'attention de leurs ennemis, et plus particulièrement du cousin félin du jeune chat.
Et, immanquablement... le Yokkai bondit vers le trio. Jyrek fut le plus rapide à réagir, ripostant prestement de sa lame, et le coupant net dans son élan. Kyeral fut horrifié, en voyant le corps sans vie de l'un de ses frères de sang retombé sur le sol, mort... il avait su dès le début que la violence serait une chose dont il faudrait faire preuve contre les Yokkais dont l'esprit avait été perverti, mais ça ne pouvait pas le laisser indifférent.
Cette fois-ci, c'était un inconnu qui avait péri sous ses yeux, mais la prochaine fois ? L'un de ses compagnons ferait acte de pitié pour l'un des frères du Yokkai félin alors que pour eux ça ne devait pas faire beaucoup de différence ? Et lui alors ? Si tous les êtres de sa race étaient une menace, alors lui aussi non ?

Le jeune félin se précipita vers le Dragon, alors que son attention était tournée vers ses "ennemis" et le drôle de gars qu'ils essayaient de sauver -alors qu'il n'était pas conscient du danger- et lui agrippa l'un des bras, essayant de le tirer en arrière, en vain vu la carrure chétive du semi-chat face au semi-Dragon. Mais même si faire bouger Jyrek était peine perdu, le Yokkai ne voulait pas perdre de vue son objectif, et sur le coup de l'adrénaline criait presque sur le guerrier.

-Arrête tout de suite ! Je t'interdis de les tuer ! Ils ne sont pas conscients de ce qu'ils font ! Il lâcha finalement prise et défia Jyrek du regard, prêt à se battre. Si tu veux encore prendre la vie d'un de mes semblables, il faudra prendre la mienne avant ! Il ne sont pas plus responsables de cette guerre stupide que je le suis, ce ne sont que des victimes !

Lui qui était d'un naturel timide, se découvrait une certaine agressivité. Il sentait le sang pulser dans ses veines, sa respiration haletante et tous ses muscles prêts à réagir... Ce n'était pas lui, mais il n'allait pas refuser cette énergie qui le poussait à défendre les siens. Le félin avait l'impression de brûler de l'intérieur, mais il se contint ; délaissant celui qu'il défiait, il se tourna vers les autres Yokkais présents, espérant cette fois-ci se faire entendre, parlant encore une fois dans leur dialecte pour bien se faire entendre.

-Partez ! Immédiatement ! PARTEZ !!!

Jyrek regarde le jeune yokkai avec des yeux pleins de tendresse. Il plante alors son épée dans le sol et s'agenouille pour lui faire face plus ou moins d'égal à égal et posa une main sur sa tête avec un sourire qui montre clairement son malaise.

- Je te comprends petit, et j'ai conscience qu'ils sont des victimes aussi. Mais comprends bien que plus encore ils sont des pions et on été forcés à devenir ce qu'ils sont en réalité aujourd'hui : des soldats avec ordre de tuer tous ceux qui ne sont pas dans leur camps. Je vais te poser une seule question : Vas-tu les défendre, donc passer pour un traître au reste du monde et mourir en vain, ou alors combattre ceux qui ne peuvent être sauvés et prouver au monde entier qu'un yokkai peut être bon et ainsi sauver tous ceux de ta race qui peuvent encore l'être? Ce choix t'appartient et si tu penses pouvoir les raisonner, si tu y crois réellement sache qu'une petite horde se rapproche rapidement, va donc leur parler.

À ces mots Jyrek se relève et montre un nuage de poussière se rapprochant dangereusement.

- Je n'essayerais pas de t'arrêter si tu penses réellement pouvoir arranger ça pacifiquement. Le poids de plusieurs vies et peut-être même la survie de ton espèce entière repose sur tes épaules.

La colère et la rage qui avait bouillonné dans le corps du félin disparut aussi vite qu'elle était venue alors que Jyrek se mit à sa hauteur, pour lui parler gentiment. Étrangement ça l'apaisa, et il se sentit presque coupable de sa réaction à l'encontre du semi-Dragon, qui lui rappela ce qu'il savait : qu'ils n'avaient pas vraiment le choix.
Enfin si, le Dragon lui laissait, mais encore fallait-il qu'il sache comment éviter le conflit. Donc raisonner les siens. Et la dernière fois... Kyeral préféra ne pas y repenser. Mais il devait le faire, essayer, bien que cela semble... impossible... Jyrek se releva pour observer les autres Yokkais arriver. Le jeune félin détourna les yeux. À moins que ce ne soit pour regarder les restes du félin avec une certaine amertume, avant de répondre.

- Il avait du mal à parler notre langue, comme s'il ne savait plus comment faire... mais c'était encore en lui. Je ne sais pas quel charme agit sur eux et encore moins comment le dissiper. Il regarda Jyrek avec tristesse. Toute ma famille est dans le même état, tous ceux que j'aime sont devenus des bêtes sauvages... S'il y a moyen de les ramener à la raison, il faut le trouver. J'ai conscience que tuer des Yokkais est inévitable, mais...

Qu'ajouter à cela ? Que dire ? Lui-même savait que c'était inévitable. Les Yokkais n'étaient pas responsables de leurs actes mais ils agissaient et à moins de les raisonner où abattre la source de ce phénomène, il n'y avait pas d'autres recours. Mais le jeune chat ne pouvait l'accepter... il voulait faire quelque chose, mais quoi ? À part exiger que ses congénères s'en aillent, alors que ces derniers ne l'écouteraient sans doute pas, alors...

-Qu'ils ne souffrent pas...

- Partez, allez-vous en ! Les gens là-bas veulent vous tuer, et vous n'êtes pas de taille, croyez-moi ! S'ils passent vous êtes morts !

Le Yokkai se demanda dans quel camp était son congénère, mais il n'eut pas le temps de réfléchir d'avantage. Le joueur de flûte cafouilla :

- Youhou! Cria-t-il à son intention en lui faisant un grand signe de main. Bonjour le bébé peluche! Toi aussi tu veux venir écouter la belle chanson d'Ademaro? Ademaro, c'est moi hein! Les autres, ce sont des peluches magiques qui veulent danser avec nous! Allez, viens, tu vas être mon ami!

Enragé par ce son atroce, le yokkai tigre bondit sur Ademaro et c'est à cet instant que Jyrek le pourfendit courageusement.

Le groupe de Yokkais avait vu ce qui s'était produit. L'homme encapuchonné avait réussi à ouvrir une brèche dans le dôme...

"C'est... ouvert... pour le moment... mais... ça ne..."

C'était ça qu'ils voulaient... Et leur confrère cria :

- Partez ! Immédiatement ! PARTEZ !!!

Ils délaissèrent leurs proies et s'activèrent vers la sortie avec une joie féroce.

Merediana tentait de ranimer Mistraella mais cette dernière semblait peu encline à le vouloir. Voyant Inigo partir devant à toutes jambes, Merediana réalisa que le dôme était enfin ouvert et que c'était leur seule chance!
Elle ouvrit ses ailes et transporta Mistraella jusqu'au bretteur. Par chance la petite renarde était légère et elle put le rattraper rapidement.

- Señor Montoya, je vous confie Mistraella, vous irez plus vite que moi en la transportant, je vais vous aider.

Ce faisant, elle posa la laguz dans les bras de l'escrimeur et propulsa ses ailes en poussant Inigo pour le faire courir plus vite. Ils franchirent le dôme à temps mais par la même occasion se retrouvèrent confrontés à une horde de yokkais qui leur fonçaient droit dessus...

- Señor Montoya, je vous rappelle que je ne sais pas me battre...

Finalement, était-ce un choix judicieux d'avoir fait rentrer Mistraella avec eux...? Elle dormait fermement et ils avaient besoin de son aide pour combattre...
Voyant ses poursuivants irrités devant leur intrusion, Merediana décida de chanter pour les soumettre à ses charmes. Sa voix avait un effet hypnotique et elle espérait que ces stupides bêtes y seraient sensibles...

Les yokkais vont pour partir, et Jyrek se tourne vers Kyeral.

- Ainsi donc tu les laisses partir, sur cette île. Tu te doutes n'est-ce pas de ce qui se passera quand ils arriveront au village et commenceront à massacrer femmes et enfants? Tu as conscience que ce bouclier protégeait tous ces paysans incapables de se battre face à cette menace? Toute cette violence, ces morts et la haine qui en ressortira pour les yokkais. Tu te sens prêt à assumer tout ça? Es-tu prêt à voir tout le monde aimer les yokkais autant que ton "ami" Eldar? Quoi qu'il en soit c'est ton choix tu devras l'assumer seul.

Déçu, Jyrek lui tourne le dos pour partir vers le centre du dôme seul, laissant les gens ici présents prendre leurs responsabilités et faire leurs choix. Il a un devoir à accomplir et plus vite il sera fait, plus vite il pourra secourir les villageois.

Le temps presse..... heureusement certains ont l'air de s'activer. Une voix mélodieuse comme il n'en avait jamais entendu s'élève dans son dos. Son pas se suspend un moment puis inexorablement s'abat sur le sol. Il continue sa marche vers la forge.

Inigo se retrouva rapidement dans une situation hors de contrôle. De l'autre côté du dôme, un jeune fou (ou un homme courageux, allez savoir!) était aux prises avec une dizaine de monstres furieux... Avant même qu'il n'eut le temps de se ruer dans la mêlée, sa nouvelle protégée lui enjoignit de porter la jeune renarde inconsciente, avant de déployer une majestueuse paire d'ailes.

- Madre de Dios... soupira-t-il alors que le soleil déclinant entourait Merediana d'une auréole de lumière immaculée. Un ángel !

Ses yeux pétillant d'une foi et d'un amour redoublé pour cette enfant de Dieu, Inigo jeta Mistraella sur son épaule comme un paquet et se rua dans la brèche que l'étranger encapuchonné avait, semblait-il, ouvert magiquement.

Arrivé dans le cœur de l'action, il sentit alors l'adrénaline parcourir le moindre de ses muscles. Il déposa délicatement Mistraella sur le sol, dégaina son arme, et se rua sur ses ennemis.

- Uné dizaine d'ennemis n'est pas dé trop por moi! ¡ Para españa!

Il se fendit gracieusement, la pointe de sa lame fendant le cœur de l'assaillant le plus proche. D'un violent coup de pied, il envoya le corps mourant s'effondrer quelques mètres plus loin, et rit à gorge déployée. Un Yokkai chargea, ses griffes puissantes fendant l'air en direction de la gorge du bretteur, qui se baissa promptement...avant de se relever avec fougue, faisant voler le monstre par dessus son épaule et s'écraser au sol avec un râle de douleur.

- Est-ce tout? Jé pensais qué ces monstres étaient bien plus coriaces!

Contrairement à ce qu'Inigo croyait, les Yokkais étaient bien plus coriaces. Tandis que les cadavres tombaient à terre, leur chair se nimba de ténèbres et ils se reformèrent. Kaeldrin ne semblait pas surpris par ce phénomène.
L'évidence se révélait : seules des techniques spéciales pouvaient les atteindre.

Le chant mélodieux de Merediana les troubla mais pas assez pour les assagir. D'autant que le dôme se referma et leur colère explosa. C'est à ce moment que des ténèbres violettes enveloppèrent leurs poils hérissés... Kyeral en fut ébahi, il n'avait jamais vu un de ses frères dans un tel état. Une énergie poisseuse émanait de leurs corps furibonds.
Alors ils chargèrent tous en masse, galvanisés par une rage nouvelle. Sauf que certains, furieux, dévièrent leur trajectoire vers Mala Sors. Après tout c'est lui qui avait ouvert le dôme, c'était de sa faute si il s'était refermé!

Resté en retrait, le nécromancien regardait d'un œil amusé ses "compagnons" aux prises avec les Yokkais pervertis. Parmi eux tous, seul le semi-dragon semblait avoir la puissance nécessaire pour leur assener le coup fatal.

Voilà qui risquait fortement de compliquer les choses pour la suite...

Pour l'heure, une de ces créatures pittoresque se ruait sur lui avec hargne. Que croyait-il ? Il n'aurait pas même le temps de l'atteindre!

Kaeldrin planta son regard dans celui, dénaturé et vide, de la bête, qui se calma aussitôt. Prise d'un spasme soudain, elle s'effondra sur le sol, sans vie.

Il se racla la gorge, retenant un sourire mauvais. Bien sûr, dans le feu de l'action, nul n'avait pu voir autre chose qu'un Yokkai mourir sans raison. Sans doute ses compagnons songeraient-ils que les pouvoirs magiques de l'Eldar étaient à l'œuvre...

Lentement, presque imperceptiblement, Kaeldrin se redressa. Son dos courbé se roidit, comme un cadavre au seuil de la putréfaction. Ses pupilles violettes s'embrasèrent d'une vigueur nouvelle, alors que l'âme de la bête venait grossir les rangs de celles qu'il avait déjà emmagasiné.

Il tendit une main impérieuse vers le corps inerte du Yokkai, et psalmodia en une langue démoniaque.

- Slerhf azahfell T'HirDa Känan !

Un souffle glacial s'échappa de sa main morte-vivante, transcendant l'air, pour venir s'infiltrer dans les narines et la bouche de la bête, gonflant ses poumons d'un souffle morbide.

La créature se leva en grognant, une bave noirâtre s'écoulant de ses babines entrouvertes. Il avança à pas lents, désaccordés, et vint près de l'Eldar.

- Je suis ton maître, engeance des bas fonds. Je te donne ce corps, afin que tu puisses répandre MA volonté sur ce monde! Alors obéis!

Les yeux du Yokkai défunt roulèrent dans leurs orbites, jusqu'à prendre une teinte rouge maladive. La créature montra les crocs, et leva une patte menaçante vers lui.

Sans se laisser impressionner, Kaeldrin serra doucement le poing, arrachant un cri éthéré à la chose.

- Ce que je donne, je peux le reprendre! Ne l'oublie jamais! Maintenant, OBÉIS!

La chose baissa la tête obséquieusement, toujours en montrant les crocs.

- Attaque. Tue les Yokkais et je saurai te récompenser. Va maintenant!

Alors les yokkais chargèrent tous en masse, galvanisés par une rage nouvelle. Sauf que certains, furieux, dévièrent leur trajectoire vers Mala Sors. Après tout c'est lui qui avait ouvert le dôme, c'était de sa faute si il s'était refermé!

Noir. Obscurité. Ténèbres. La conscience de Mala est prisonnière de son corps cyborg épuisé. Toute force ou énergie ayant été utilisée dans le dernier sort du CyberMage.

Où il se trouve actuellement, Sors ne peut que se maudire d'avoir agi de la sorte, surtout qu'il n'en tirera aucun bénéfice ! Pourquoi avoir aidé ce groupe hétéroclite sans aucun intérêt ? La belle succube peut-être... ? Bah ! À quoi bon ?

Une lueur ! Une autre ! Encore une !

Qu'est-ce donc ? Des présences ? Magiques ?

Les lueurs s'approchent, grandissent. Sans ses logiciels et ses processeurs pour assister ses perceptions, Mala ne peut comprendre ce qu'il perçoit. Il n'a aucune sensation ou perception du monde extérieur. Il est prisonnier de son propre corps, enfermé dans une cellule sombre de son subconscient.

La plus proche des apparitions lumineuses est presque à portée de mains et irradie une malveillance quasi-palpable. Le temps suspend son vol...

Un choc. Un feulement. Une étrange sensation. La fin ? La mort ? Enfin...

Non, ce n'est pas ça. Les forces de Mala lui reviennent. Il sent de l'énergie magique courir à nouveau dans ses veines. Comment est-ce possible ? La lueur s'estompe progressivement, aspirée... La perception du monde extérieur revient tout aussi progressivement au CharcuDoc.

La perception du monde et la perception de son corps.

Le visage dans la poussière, son corps est prostré, comme jeté au sol. Bizarrement, il a le bras droit tendu, en l'air. Un liquide chaud et poisseux lui coule le long de ce bras étonnamment levé. Que se passe-t-il ? D'où vient ce regain d'énergie ? Le cyborg se tourne et lève les yeux.

Sa main aux doigts tendus, toutes lames sorties a déchiré la gorge et le poitrail du yokkai de tête avant de saisir et d'étreindre le cœur de la pauvre bête et d'en aspirer toute trace d'énergie magique et vitale... jusqu'à la dernière étincelle...

Bondissant sur ses pieds, Sors extrait d'un geste sec son bras du torse mutilé et jette au sol le cœur arraché à sa malheureuse victime. Résolument, il se tourne vers ses autres assaillants, les deux autres "lueurs" qu'il percevait depuis son état de conscience limitée, affichant un sourire des plus carnassier...

Merediana cessa de chanter, réalisant que sa tessiture demeurait inefficace contre ces créatures. À part les mordre jusqu'à ce que mort s'ensuive, elle ne pouvait rien faire et l'idée de plonger ses crocs dans leurs ténèbres la dégoûtait...

Kaeldrin en tua un et le ramena d'entre les morts pour en faire son pantin.

- Je suis ton maître, engeance des bas fonds. Je te donne ce corps, afin que tu puisses répandre MA volonté sur ce monde! Alors obéis! Ce que je donne, je peux le reprendre! Ne l'oublie jamais! Maintenant, OBÉIS! Attaque. Tue les Yokkais et je saurai te récompenser. Va maintenant!

Merediana avait certes senti un grand pouvoir émaner de lui, mais elle n'avait pas imaginé qu'il touchait à la nécromancie. Puis, alors elle cria :

- Seigneur Sors, derrière vous!

Il ne parut pas l'entendre mais se défendit au dernier moment, ses lames déchirant la gorge et le poitrail d'un immense yokkai.

Jyrek était en train de partir, elle jeta un regard perdu à Kyeral.

- Kyeral, tu vas le laisser partir?... Tu ne le retiens pas?... Je ne vous suis d'aucune utilité, je risque de vous encombrer, son aide serait la bienvenue...

Le petit félin était encore confus suite à ses choix et ce que cela impliquait. Avant qu'il ne se décide, la belle succube cria :

- Sire Jyrek! Vous comptez réellement nous abandonner sur le champ de bataille?! Les ennemis de la Forge seront plus nombreux! Pourquoi partez-vous ainsi en nous laissant à la merci d'une horde de monstres enragés?...

Le cadavre du Yokkai obéit au sort de Kaeldrin et se dirigea sur les Yokkais adverses.

Mala Sors parvint à tuer un Yokkai à la dernière minute. Son attaque spéciale fut fatale et lui permit de se restaurer quelque peu.
Merediana cria :

- Sire Jyrek! Vous comptez réellement nous abandonner sur le champ de bataille?! Les ennemis de la Forge seront plus nombreux! Pourquoi partez-vous ainsi en nous laissant à la merci d'une horde de monstres enragés?...

Le semi-dragon qui se dirigeait vers l'intérieur entendit un cri aigu.
Un Yokkai aplatit la succube au sol et lui entailla le bras. La damoiselle était dans de sales draps et bien sûr ne portait pas d'armes. Si personne ne lui venait en aide rapidement, le Yokkai-Loup qui était le chef de cette meute, risquait de lui dévisser la tête...
...et Ademaro jugea cette attaque propre à un jeu assez dangereux. Il s'approcha avec sa flûte entre les mains.

Ce regain d'énergie inattendu permet à Mala de lancer son sort préféré sur l'un des assaillants, le plus proche, afin de le retenir le temps de tailler le second yokkai en pièces. Puisant dans cette énergie volée, il incante rapidement en croisant les doigts des deux mains de façon complexe :

"Concidit me tibi laminae !"

Aussitôt, l'air se cristallise autour d'un loup suspendu entre deux pas, le retenant prisonnier une fraction de seconde et ne le relâchant que pour le laisser tomber sur le piège mortel qui vient d'apparaître ! Une multitude de lames acérées se sont matérialisées tout le long du corps lupin, tournoyant et tourbillonnant en se rapprochant à chaque rotation.

Pour n'importe quel être normalement constitué, ce sort est terriblement fatal. Pour ces créatures, ce n'est qu'une longue souffrance avant que le sort ne se dissipe, les chairs se reformant à chaque blessure.

Le répit n'est que de courte durée pour le CyberMage, le troisième et dernier yokkai est enfin parvenu jusqu'à lui et lui saute à la gorge. Le cyborg a juste le temps de lever un bras pour se protéger de l'impact massif qui le fait reculer d'un pas. Avec sa taille actuelle, tous deux font la même taille, dressés l'un contre l'autre, les membres supérieurs de l'un sur les épaule de l'autre et un bras de l'autre dans la gueule de l'un.

Des grognements s'échangent. La bête sommeillant en eux s'exprime dans ce duel de force brute contre force cybernétique. Mais Mala dispose librement de son bras gauche.

Il serre le poing. Les lames phalangères sortent aussitôt, répondant à la commande mentale.

Tout en luttant contre la force bestiale, Mala laboure le ventre et les côtes de coups puissants et tranchants mais le yokkai ne lâche pas prise. Derrière son adversaire, Sors aperçoit la succube en très vilaine posture et se maudit d'être ainsi retenu par de si viles adversaires.

Les processeurs calculent ses chances et les logiciels établissent des scenarii d'attaques et de ripostes...

La situation dégénère et tous semblent débordés. Aucun d'eux n'a voulu écouter le vieux mage et personne ne semble assumer ses choix et demande de l'aide. Jyrek ne comprend décidément pas cette mentalité à la fois immature et lâche, mais son sens de l'honneur le fait hésiter. Ils ont choisi cette situation, alors pourquoi devrait-il s'en mêler? D'un autre côté certains payent pour les erreurs d'autres.

Il est interrompu dans ses réflexions par un cri, cette femme à la fois morte-vivante et démoniaque qui se fait agresser, sa puissance n'est pas faite pour le combat on dirait. Jyrek se retourne et commence à courir vers elle, se changeant en dragon. Prenant son envol il prend de la vitesse et arrache le yokkai loup au passage prenant de l'altitude à grande vitesse pour le projeter du haut du dôme et le laisser tomber de toute cette hauteur. Résistant, celui-ci reprend conscience et se relève difficilement après cette chute. Jyrek entame un piquet sur lui le plaquant avec une violence inouïe dans le sol de tout son poids titanesque. Coincé sous les pattes du dragon le yokkaï doit désormais soutenir le souffle ardent de celui-ci.

Un carnage à l'état brut se répandit. Tous se battaient sauf Merediana qui fut sauvée à temps grâce à l'intervention de Jyrek. Elle avait le bras entamé et devrait se faire un garrau pour éviter une hémorragie trop importante. Toute immortelle qu'elle soit, ces créatures étaient puissantes et avaient pu entamer sa chair d'ordinaire résistante. Mala Sors avait réussi à se régénérer mais utiliser autant de magie l'avait fatigué et il savait que les prochains combats demanderaient plus de mesure si il souhaitait remplir ses réserves. L'épaule de Jyrek le lançait un peu mais passerait très vite, il avait une bonne endurance. Quant à Kaeldrin, il ne craignait pas grand chose, son pantin le protégeait dès qu'il était menacé par un adversaire. Sa marionnette ressemblait d'avantage à un amas d'ordures laminées qui dansait contre ses anciens congénères.

Il ne restait plus que 3 Yokkais adverses et Inigo leva sa lame fièrement.

Ademaro revint à lui, un long filet de bave coulant le long de sa bouche, alors que son regard vide embrassait depuis le début la cohue alentour. Ce qu'il venait de se passer? Il n'en avait pas la moindre idée, son cerveau n'étant pas parvenu à analyser le flot d'informations... Une chose était sûre pourtant :

Il avait fait un peu pipi...

Son innocence fut subitement bafouée, entre l'urine coulant le long de sa jambe, le sang et les morceaux éparpillés de toutes ces peluches dont les entrailles volaient en une joyeuse barmitsva cachère.

Sa candeur ne résista pas non plus à ce morceau de cerveau se collant dans sa divine chevelure de miel...

De grosses larmes vinrent rouler sur ses joues, sa bouche arborant une petite moue désemparée. Choqué, il se mit à courir comme un dératé, en braillant et en pleurant, en quête de réconfort.

Heureusement, un jeune monsieur peluche avait également l'air d'avoir besoin d'un gros câlin. Il se jeta de tout son poids sur lui, l'écrasant et l’enlaçant, se frottant contre lui en jappant.

- Monsieur peluche! Faut pas pleurer.... gémit-il en serrant de plus en plus fort Kyeral. Faut pas pleurer, c'est qu'un méchant rêve qui va partir. Je vais te pincer, tu vas voir ça ira mieux!

Ademaro se mit alors à pincer violemment Kyeral, tordant sa chair sous ses doigts élancés jusqu'à ce que la peau émette un "crac" sonore, continuant malgré tout inlassablement en hurlant :

- Réveille toi monsieur peluche!

Aux prises avec les quelques Yokkais restants, Inigo se sentait enfin vivant. La fureur du combat, l’adrénaline de la bataille...voilà où était sa vraie place! Son fleuret fendait l'air, transperçant les monstres qui, inlassablement, se relevaient pour revenir à l'assaut.

- Mais, c'est impossible! Yamais vous mourrez, vous?

D'un violent coup, il décapita un Yokkai trop entreprenant, mais dut rapidement reculer, en voyant le corps inerte se reformer sous ses yeux mortifiés.

- Démons de l'enfer, ye vais vous renvoyer ad inferno!

Soudain, il entendit le cri de douleur de sa chère et tendre, un cri qui lui glaça le sang, remontant le long de son échine.

- Me amor! Yarrive, né vous en faites pas!

Il se rua alors vers Merediana, aux prises avec un Yokkai loup, son bras saignant abondamment. Inigo sauta en avant, plaquant au sol un autre monstre sur son chemin , et lui transperça le cœur de sa lame.

- Yamais ye ne té laisserais toucher à Señorita Merediana!

Sentant son sang bouillir, il entra dans une rage folle, et se rua sur les trois restants sans peur, le cœur empli de hargne.

- Vous avez osé!

Il découpa, trancha, lamina, lacera...sa lame fusant avec une dextérité et une précision mortelle, coupant les tendons, tranchant la chair, jusqu'à ce que ne reste des trois monstres que de petits tas de chair amorphes.

Il ouvrit alors une poche de sa besace, et claqua sur le sol une petite fiole qui répendit un liquide limpide, fumant au contact des Yokkais.

- Ye vous mets au défit de revenir après cela, pourrituré démoniaque!

Il rengaina sa lame, son corps dégoulinant de sueur, la fureur s'apaisant peu à peu, et se précipita vers Merediada, prenant son bras blessé délicatement.

- Señorita... comment va votré bras? Il faut désinfecter la plaie et faire une garot...

Il ouvrit à nouveau son fourre-tout, et en sortit une nouvelle fiole, qu'il déboucha.

- De l'eau bénite, ye l'ai récupérée au Vatican, vous devriez aller mieux avec celà...

Merediana tenait son bras en serrant les dents. Elle n'aurait jamais cru se faire entamer de la sorte... Un yokkai avait bondi sur elle et l'avait laminé avant que Jyrek ne vole à son secours.
Inigo avait achevé les yokkais restants avec de l'eau bénite et...

- Señorita... comment va votré bras? Il faut désinfecter la plaie et faire une garot... - il approcha sa fiole - De l'eau bénite, ye l'ai récupérée au Vatican, vous devriez aller mieux avec celà...

Merediana pesta.

- Sans façon merci! Mais j'accepte votre garrot avec plaisir. L'important est de juguler l'hémorragie, ne vous en faites pas ça suffira amplement.

Une fois qu'il le lui apposa sans comprendre toutefois pourquoi elle refusait catégoriquement de rentrer en contact avec son bénitier portatif ; Merediana conclut :

- Bien, je crois que nous avons passé la première épreuve... Erèbe nous a réparti en petits groupes pour que nous réussissions notre mission.

Elle remarqua Ademaro, collé à Kyeral, le pinçant assez fort. L'urine de l'homme avait maculé son pantalon et elle ne put réprimer un rictus de dégoût. Cependant elle formula cette phrase :

- Petit Yokkai, je suis désolée que tes frères n'aient pas reçu une mort digne aujourd'hui... En temps de guerre tout le monde se fait faucher comme de la viande. C'est sale, irraisonné et triste. Mais ainsi va le monde des hommes. Penses-tu pouvoir continuer? À l'intérieur tu verras l'horreur... Tu verras tous ceux de ta race dans un état second qui les pousse à détruire...

Tous entraient dans la Forge, aussi Merediana les imita en marchant d'un pas égal à celui du félin pour entendre sa réponse avant que leur route ne se sépare le temps de réussir leur mission.

Toujours en proie à une certaine confusion, le jeune félin était un peu déconnecté de la réalité ; il ne vit donc pas les trois derniers Yokkaïs se faire tuer, pas plus que le blondinet à l'air benêt qu'ils avaient sauvé, et qui fonça vers lui dans un élan des plus désespéré. Kyeral se retrouva sans vraiment comprendre sur le sol, le souffle coupé, non seulement écrasé il se retrouva bien vite à se faire pincer, et assez fort en plus.
Le félin, prit au dépourvu, réagit comme son instinct lui dictait, feulant et miaulant tout en plaquant ses oreilles en arrière ; de plus l'individu sentait l'urine, ce qui était très désagréable. Comme il continuait, insensible aux grognements du jeune semi-chat, ce dernier recourut à une autre réaction instinctive pour échapper à une éventuelle côte cassée et quelques bleus supplémentaires : la fuite.

Se débattant, en essayant de ne pas faire mal à son "agresseur", et tout en continuant de miauler furieusement, le Yokkai parvint à s'extraire, s'éloigna à bonne distance d'Ademaro, et se retourna, tout en étant à quatre pattes, Kyeral fit le gros dos, la queue battante et les oreilles plaquées vers l'arrière, feulant de plus belle en regardant le jeune homme d'un air fort mécontent.
Puis il se ressaisit, le rouge lui montant aux joues au vu de sa réaction plutôt animale...

Reprenant son souffle, Kyeral put entendre la belle demoiselle qui s'était fait attaqué lui parler. Le jeune félin ne s'attendait pas à ce qu'elle essaye d'apaiser ses angoisses quant au sort de sa race, pas après s'être fait ainsi attaqué... pourtant elle le fit. Cela le laissa un peu absent, mais il se reprit en voyant que tout le monde partait en direction de leur objectif. Se mettant à la hauteur de Merediana, il prit un peu le temps de réfléchir avant de répondre, tout en regardant le sol, l'air un peu perdu :

-Il faut que je sache pourquoi tout cela arrive. Je... je sais que ce que je verrai ne va pas me plaire, mais... il faut bien passer par ces épreuves si je veux retrouver ma famille telle qu'elle était autrefois. Et tout ceci... n'est pas plus notre faute qu'elle est la leur. Nous n'avions pas le choix, comme ils ne l'ont pas eu.

Le cœur serré, il se tut, regardant le sol en marchant, toujours un peu sous le choc.

Les héros entrèrent dans la Forge. Nul ne savait comment tourneraient les événements, mais personne n'était seul et c'était plus rassurant. Tous devraient user de stratégie, même... Même Ademaro?... Oui même lui...

[Dans Initiation Entrée en Scène vous constaterez qu'il y a plusieurs directions, Nord, Sud, Est, Ouest et Sous-Sol. Rendez-vous à la rubrique qui vous concerne pour poursuivre votre quête. Bons RPs!]